Jacqueline PIERRAT

Jacqueline PIERRAT

Deux des mes oncles maternels ont participé à la Première Guerre mondiale : l’aîné, militaire de carrière, était capitaine et a été tué en 1916 à Fleury devant Douaumont ; le second a été trois fois grièvement blessé.

Le frère aîné de mon père a été blessé à la face et a perdu un œil ; il a été trépané. Mon père s’est engagé en 1915, étant trop jeune avant.

Trois cousins de ma mère ont également été combattants.

Ma famille parlait souvent de cette guerre, ce qui a entretenu chez les uns et les autres, et en particulier chez moi (née en 1924), le sentiment patriotique.



Le 11 septembre 1944, à Dijon, au matin, les cloches ont carillonné et la sirène a retenti, annonçant la Libération de la ville par l’Armée B (future Première Armée Française) commandée par le Général de Lattre de Tassigny.

 

A cette date, pas un garçon de cette génération dans ma famille n’était en âge de s’engager ; c’est pourquoi j’ai pensé : alors, pourquoi pas moi ? Renseignements pris, il n’y avait pas de recrutement féminin à Dijon.

 

Ce n’est qu’en octobre que j’ai rencontré une amie d’enfance en uniforme, qui m’a appris que les bureaux de la 8è division administrative chargée des engagements féminins étaient à Besançon. Elle-même avait son affectation dans l’intendance.

Avec l’autorisation de ma mère (mon père était mort en 1930 lorsque j’avais 6 ans), je suis donc allée contacter les bureaux indiqués ; j’ai dû remplir un questionnaire : état-civil, famille, emploi, etc… Comme j’indiquais être dactylo, il m’a alors été demandé de passer aussitôt une épreuve pour vérifier mon savoir faire…; l’essai ayant été concluant, le lieutenant (féminin) chef de service m’a reçue et m’a proposé un engagement immédiat, me laissant une semaine pour donner mon congé à mon employeur et pour me procurer un extrait d’ état-civil, un extrait de casier judiciaire et une autorisation parentale : je n’avais que 20 ans et la majorité était alors à 21 ans.

Engagée à Besançon, j’ai été affectée le 7 novembre 1944 au 1er Bureau d’Etat-Major de la 1ère Armée Française (appelée auparavant  Armée B) commandée par le Général de Lattre de Tassigny ; l’Etat-Major suivant à peu de distance la zone des combats, le 26 novembre j’étais à Montbéliard où je suis restée jusqu’au 18 février 1945.

 

L’avance des troupes françaises était alors moins rapide en raison d’un hiver rigoureux, la neige et le gel rendant difficiles les déplacements.

Le 18 février : Guebwiller – Le 6 avril : Strasbourg et le 17 avril, passage du Rhin sur un pont de bateaux pour arriver en Allemagne à Karlsruhe.


Ayant obtenu une permission le 6 mai, j’étais donc à Dijon le 8 mai pour fêter la capitulation de l’Allemagne nazie qui marquait la fin de la guerre en Europe !

 

Quatre jours après, je rejoignais le 1er Bureau, mais cette fois-ci  à Lindau au bord du lac de Constance.

Le 30 juillet, je partais pour Baden-Baden dans le cadre de l’occupation de l’Allemagne ; j’y suis restée jusqu’au 26 mars 1946. 


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